Médiathèque départementale

 

 

1. Les Origines du Conte

  • Oralité primitive : Le conte naît dans les sociétés traditionnelles où il est raconté à l’oral, souvent au coin du feu,
    pour transmettre des valeurs, des règles, des peurs et des savoirs.
    > La transmission orale pour les adultes - En savoir plus   
    > La peur dans les contes - En savoir plus 
  • Conte universel : On trouve des versions similaires d’un même conte (ex : Cendrillon) dans toutes les régions du monde.
  • Passage à l’écrit : À partir du XVIIe siècle en Europe, les conteurs commencent à écrire les contes (Perrault, Grimm, Andersen…).

 

2. Les Caractéristiques du Conte

Un conte c'est toujours : 1 fil rouge, une thématique, un univers graphique, un auteur 
Un bon conte n'a, à priori, pas besoin d'images. 

A. Structure typique

Inspirée de la structure en trois temps :

  1. Situation initiale : Tout est calme.
  2. Élément perturbateur : Quelque chose bouleverse l’équilibre.
  3. Péripéties : Le héros affronte des épreuves.
  4. Dénouement : Le problème est résolu. Fin des péripéties
  5. Situation finale : Un nouvel équilibre est établi.

> Cette structure simple est idéale pour les enfants : elle aide à comprendre le schéma narratif.

B. Personnages types

  • Le héros ou héroïne (souvent jeune, pauvre ou rejeté·e)
  • Le méchant (ogre, sorcière, loup…)
  • Le donneur (fée, vieil homme sage…)
  • Le faux héros (le traître, celui qui veut usurper le mérite)
  • Des animaux ou objets magiques doués de parole ou de pouvoir

C. Formules

  • Formules d'ouverture/ d'entrée : « Il était une fois… », "Dans un pays lointains", "Au temps jadis"
  • Formules de clôture : « Ils vécurent heureux… »
  • Répétitions : souvent par 3 (« Trois épreuves », « trois frères »)

 

Les contes disponibles dans le catalogue de la MDL 

 

3. Les types de contes et leur classement 

 En savoir plus 

 

4. Fonctions du Conte

 

 Selon Vladimir Propp (morphologie du conte), le conte a des fonctions narratives fixes (départ, interdiction, épreuve, don magique, victoire…).

Mais le conte a aussi des fonctions sociales et éducatives :

  • Cognitive : développe l’imagination et la compréhension des récits
  • Psychologique : permet d’exprimer les angoisses de l’enfance (cf. Bruno Bettelheim)
  • Morale : distingue le bien du mal
  • Culturelle : transmet les traditions et les valeurs d’un peuple

 

5. Le Conte dans la Littérature Jeunesse

 

  • Support pédagogique : utilisé en maternelle et en primaire pour aborder la narration, les émotions, la langue.
  • Adaptations modernes : réécritures contemporaines (ex : Les Contes à l’envers de P. Dumas)
  • Albums illustrés : l’image enrichit l’imaginaire
  • Réécritures inclusives ou engagées : nouveaux messages sur le genre, la diversité, l’écologie…

 

📘 Bibliographie de base

  • Charles Perrault – Contes de ma mère l’Oye
  • Frères Grimm – Contes pour les enfants et la maison
  • Hans Christian Andersen – La Petite Sirène, Le Vilain Petit Canard
  • Italo Calvino – Contes populaires italiens
  • Pierre Gripari – Contes de la rue Broca
  • Christian Voltz – pour des versions modernes et graphiques

 

pdf Téléchargez la bibliographie de Sylvie Douet, médiatrice en littérature jeunesse

 

6. Les contes revisités 

 

  1. Déconstruction des stéréotypes de genre

🔴 Avant :

  • La princesse est belle, passive, en attente d’un prince sauveur.
  • Le héros est courageux, actif, viril.
  • Les rôles sont figés : la femme est douce, le garçon est fort.

🟢 Aujourd’hui :

  • Des héroïnes actives, courageuses, indépendantes
  • Des princes vulnérables, tendres, parfois secondaires
  • Des rôles inversés ou fluides

> Exemples :

  • La Princesse qui n’aimait pas les princes (Alice Brière-Haquet) : la princesse veut choisir sa vie.
  • Les Contes à l’envers (P. Dumas) : Blanche-Neige devient révolutionnaire, Cendrillon se révolte.
  • Raiponce ou l’histoire de la fille qui disait non (Séverine Vidal) : consentement et autonomie.

 

 2. Égalité, diversité et représentations inclusives

Tendances actuelles :

  • Visibilité des cultures non occidentales (contes du monde, diversité ethnique)
  • Personnages LGBTQIA+
  • Personnes en situation de handicap ou neuroatypiques
  • Modèles familiaux variés (familles recomposées, monoparentales, adoptives)

> Exemples :

  • Prince & Chevalier (Daniel Haack) : un prince tombe amoureux… d’un chevalier.
  • Julian est une sirène (Jessica Love) : un garçon célèbre sa différence et son identité.
  • Contes d’un autre genre (Gaël Aymon) : recueil de contes où les rôles et attentes sont bousculés.

 

 3. Réflexion critique et éducation morale

Axes développés :

  • Consentement, harcèlement, violences
  • Écologie et respect du vivant
  • Justice sociale, pauvreté, exploitation
  • Critique des modèles patriarcaux ou autoritaires

> Exemples :

  • La Belle endormie se réveille (Kochka) : une relecture féministe de la Belle au bois dormant.
  • Un conte peut en cacher un autre (Roald Dahl) : humour noir et ironie au service de la subversion.
  • La Véritable Histoire de… (série de livres chez Bayard) : regard critique sur les figures classiques.

 

 4. Mise en abyme et humour postmoderne

Certains contes revisités jouent avec :

  • Le métalangage (le personnage sait qu’il est dans un conte)
  • La réécriture comique ou absurde
  • La mise en scène de plusieurs points de vue (le loup, la sorcière, l’objet…)

 

> Exemples :

  • Le Loup sentimental (Geoffroy de Pennart) : le loup est gentil, mais le monde est cruel.
  • C’est moi le plus fort / C’est moi le plus beau (Mario Ramos) : humour sur l’égo des personnages classiques.
  • Il était une fois une princesse… qui en avait marre qu’on lui raconte des histoires (Collectif Rue du Monde)

 

La MDL propose la Valise thématique n°18 : Contes détournés
> Rechercher des contes détournés directement dans le catalogue

 

🧩 Activités pédagogiques autour du conte

  • Inventer un conte collectif
  • Réécrire un conte du point de vue du méchant
  • Créer un kamishibaï ou théâtre d’ombres
  • Identifier les étapes du schéma narratif
  • Mettre en scène ou enregistrer un conte
  • Comparer un conte classique et sa version revisitée
  • Inventer un conte égalitaire
  • Créer un débat : la princesse doit-elle attendre un prince ?
  • Créer un personnage qui casse les stéréotypes

 

 

 

8. Lire un conte 

 

Conseils pour une séance de lecture de conte à voix haute
  1. Préparer le cadre
  • Installer un espace calme et confortable, avec une bonne visibilité pour tous les enfants. 
  • Inviter les élèves à s’asseoir en cercle ou en demi-cercle pour favoriser le contact visuel.
  • Voir s'ils se rappellent ce qu'on a lu la dernière fois
  • Ne pas leur poser de questions fermées
  • Pour les tout-petits 0-3 ans : lire ici 
  1. Lire lentement et distinctement
  • Bien articuler chaque mot, adapter le rythme pour que tout le monde comprenne.
  • Marquer des pauses/ des silences aux moments importants (fin de phrase, suspense, émotion).
  • Si il y a une coupure au milieu du conte : relire les 2 ou 3 phrases précédentes et/ou faire reformuler aux auditeurs. 
  1. Utiliser la voix et le corps
  • Varier le ton, le volume et le rythme selon les personnages et les situations (voix grave pour le méchant, voix douce pour la princesse…).
  • Mais ne pas surjouer ni théâtraliser : c'est une lecture, pas un spectacle ! 
  • Accompagne la lecture de gestes, mimiques et expressions faciales pour rendre l’histoire vivante.
  1. Impliquer les enfants
  • Poser des questions ouvertes avant et après la lecture pour stimuler la réflexion et l’attention.
  • Encourager les élèves à exprimer leurs émotions ou à reformuler une partie de l’histoire.
  1. Utiliser le livre comme support visuel
  • Montrer les illustrations aux enfants en tournant lentement les pages.
  • Leur permettre d’observer les détails pour enrichir la compréhension.
  • Feuilleter l'ensemble des pages y compris, la couverture, les pages de garde, la der de couv
  • Lire à voix haute : le titre, l'auteur et la maison d'édition 
  • Pensez aussi au butai rétroéclairé qui fait son petit effet. 
  1. Créer une ambiance propice
  • Baisser un peu la lumière si possible pour renforcer l’atmosphère magique.
  • Utiliser un ton calme et chaleureux pour rassurer et capter l’attention.
  • La déco n'est pas indispensable. 
  1. Adapter selon les besoins
  • Répéter les passages difficiles ou importants.
  • Reformuler avec des mots simples si nécessaire, surtout pour les plus jeunes.
    Sinon respecter le texte proposé par l'auteur (droits d'auteur)
  1. Clore la lecture avec un échange
  • Doit-on débriefer le conte avec les enfants ? C'est à voir au préalable avec les accompagnateurs ou enseignants
  • Demander aux enfants ce qu’ils ont préféré ou compris.
  • Proposer un temps de partage d’émotions ou d’impressions.

 

 

 

A télécharger :

pdfGuide pratique pour le Cycle 2

pdf FICHE DÉTAILLÉE – Julian est une sirène

 

 

Lire un conte ou un album à voix haute à un enfant de 0 à 3 ans ne relève pas seulement de la narration, mais d’un acte de communication sensorielle, affective et sonore.

À cet âge, les tout-petits ne comprennent pas encore le langage de manière complète, mais ils perçoivent la prosodie – c’est-à-dire la mélodie, le rythme, l’intonation et les modulations de la voix – comme un langage en soi. Ils repères aussi les contrastes et les couleurs primaires. 

 

Voici les principes clés et conseils spécifiques à la lecture pour les 0-3 ans :

 1. La prosodie : une musique rassurante

  • Les bébés reconnaissent très tôt la voix humaine et y réagissent avant même de comprendre les mots.
  • Une voix douce, posée, rythmée leur apporte sécurité et plaisir.
  • L’adulte peut moduler la voix pour créer des effets de surprise, de tendresse, d’enthousiasme.
  • Les répétitions, les onomatopées, les comptines et les structures cycliques sont particulièrement efficaces (ex. : "encore et encore", "il était une fois…", "toc toc toc").

 2. Le choix de l’album

  • Albums cartonnés, résistants, faciles à manipuler.
  • Textes courts, poétiques ou rythmiques, souvent proches de la comptine ou du jeu de langage.
  • Illustrations simples, contrastées, personnages reconnaissables.
  • Albums à volets, à matières, à sons, qui favorisent l’interaction (type "livres animés").

 3. Une lecture très interactive

  • Le bébé ne reste pas forcément immobile ou silencieux : accueillir ses gestes, babillages, réactions comme une participation active.
  • Réagir à ses regards, ses sourires, ses mouvements : le regard partagé et le pointing (désigner avec le doigt) sont fondamentaux.
  • Nommer ce qu’on voit, reformuler en lien avec ce qu’il vit : « Tu vois le doudou ? C’est comme le tien ! »

 4. Une relation affective et ritualisée

  • L’histoire n’est qu’un prétexte au lien, au plaisir d’être ensemble.
  • Créer un rituel de lecture (après la sieste, avant le dodo, sur les genoux d’un adulte) renforce l’effet rassurant.
  • Le même livre peut (et doit) être lu dix, vingt fois : la répétition est essentielle au développement du langage.

 5. Albums recommandés pour les 0-3 ans

  • Bébés chouettes – Martin Waddell & Patrick Benson
  • Plein les bottes, ras la casquette – Rascal & Claude K. Dubois
  • Trotro, P’tit Loup, Pop le dinosaure – collections simples et rassurantes
  • La série des T’choupi, Petit Ours Brun – très identifiables et ritualisants
  • Les imagiers sonores ou tactiles – pour associer mots, images et perceptions

 

La MDL vous propose la Valise thématique n°02 : Albums 0-3 ans : en voir plus 

 

1. Un patrimoine ancestral de transmission

Avant l’invention de l’imprimerie et la scolarisation de masse, les récits oraux étaient la principale forme d’éducation collective.

Les contes, légendes, proverbes et récits initiatiques permettaient aux adultes de transmettre :

  • Des règles de vie (hospitalité, fidélité, prudence),
  • Des codes de survie (éviter les chemins isolés, reconnaître les prédateurs sociaux),
  • Des valeurs communautaires (honneur, solidarité, tabous à respecter),
  • Et surtout, de prévenir des dangers :
    • de la nature (forêt, mer, animaux),
    • de la société (abus de pouvoir, mariages forcés, violence conjugale),
    • de soi-même (désirs incontrôlés, orgueil, transgression des interdits).

 

2. Des récits parfois très sombres

Contrairement aux contes pour enfants édulcorés, les versions destinées aux adultes sont souvent crues, violentes, ambivalentes, car elles servent à dire ce qui ne peut pas se dire directement.

Exemples :

  • Les contes d’ogres, de loups et de viols sont parfois des allégories du danger masculin pour les jeunes filles.
  • Les pactes avec le diable ou les créatures surnaturelles alertent sur la tentation, la cupidité, l’orgueil.
  • Les récits de vengeance ou de rédemption sont des outils de justice symbolique dans des sociétés sans tribunal accessible.

 

3. Oralité et communauté

Le conte oral pour adulte n'est jamais anodin : il est dit au bon moment, au bon endroit, à la bonne personne. Il fait partie d’un pacte social :

  • Il rassemble (au coin du feu, dans les veillées),
  • Il répare (par l’humour ou la catharsis),
  • Il met en garde sans accuser (par l’exemple symbolique).

 

4. Exemples de récits d’alerte

  • Barbe Bleue : la curiosité féminine punie ? Ou une mise en garde contre les violences conjugales cachées ?
  • La Femme squelette (conte inuit) : une métaphore du couple et de la peur de l’intimité.
  • Le Joueur de flûte de Hamelin : le prix de l’ingratitude collective, ou une critique politique ?
  • Les contes de la mort (Bretagne, Afrique, Haïti...) : pour apprivoiser l’idée de la finitude, et transmettre des rituels funéraires.

 

5. Aujourd’hui : un outil de prévention moderne

Dans les médiathèques, festivals ou prisons, le conte oral pour adultes revient en force :

  • Pour parler de dépendances, de violences, de migration, de solitude.
  • Par des conteurs contemporains comme Muriel Bloch, Catherine Zarcate, Abbi Patrix, Hassane Kouyaté, qui recréent un espace d’écoute collective et de parole taboue.
  • Des initiatives associant conte et éducation populaire sont menées, par exemple, pour lutter contre les stéréotypes de genre ou les discriminations.

 

6. Le travail des Frères Grimm

 Le travail des frères Grimm, Jacob (1785–1863) et Wilhelm (1786–1859), occupe une place essentielle dans l’histoire du conte populaire. Souvent perçus comme de simples collecteurs d’histoires pour enfants, ils sont en réalité les fondateurs d’un projet scientifique, culturel et linguistique majeur, avec des conséquences durables sur la littérature de jeunesse… mais aussi sur la vision du monde.

 

 1. Qui étaient les frères Grimm ?

  • Originaires d’Allemagne, linguistes, juristes et philologues.
  • Passionnés par les traditions orales, ils s’inscrivent dans le mouvement romantique allemand qui cherche à préserver l’âme du peuple (« Volksgeist ») à travers ses récits.
  • Leur but premier n’est ni moral, ni éducatif, mais scientifique et identitaire : sauvegarder la mémoire populaire germanique.

 

2. Le recueil Contes de l’enfance et du foyer (1812–1815)

  • Premier titre : Kinder- und Hausmärchen (litt. « Contes d’enfants et du foyer ») — pas nécessairement pour les enfants !
  • Il s’agit de transcriptions, souvent retravaillées, de récits oraux transmis par des paysans, nourrices, domestiques, femmes de la bourgeoisie.
  • Les contes les plus célèbres :
    • Blanche-Neige
    • Hansel et Gretel
    • Le Petit Chaperon rouge
    • Cendrillon
    • Raiponce
    • Le Roi grenouille
    • La Belle au bois dormant

 

 3. Un travail d’adaptation, pas de simple collecte

  • Les Grimm ont réécrit et normalisé les récits : ajout de formules d’ouverture (« Il était une fois »), d’éléments chrétiens (Dieu, la prière), suppression de certaines violences sexuelles.
  • Le style évolue au fil des éditions : les premières versions sont plus crues, brutes, tandis que les suivantes s’adoucissent pour s’adresser davantage aux enfants.
  • Cependant, la violence reste très présente : mutilations, cannibalisme, meurtres, punitions sanglantes…

 Exemple :
Dans Cendrillon, chez les Grimm, les sœurs se coupent des morceaux de pied pour entrer dans la chaussure, et les colombes crèvent leurs yeux pour les punir de leur cruauté.

 

 4. Une tension entre tradition et moralisation

  • Les Grimm ne sont pas moralistes à l’origine, mais leur travail est récupéré à des fins éducatives dans l’Allemagne du XIXe siècle, puis dans toute l’Europe.
  • On les accuse parfois d’avoir essentialisé les rôles féminins : mères absentes, marâtres cruelles, filles passives récompensées.
  • Pourtant, leurs contes comportent aussi des figures féminines rusées, courageuses, ambivalentes.

 

 5. Un impact mondial et durable

  • Les contes des Grimm ont été traduits dans plus de 160 langues.
  • Ils ont inspiré Disney, les manuels scolaires, les albums jeunesse, les psychanalystes (notamment Bruno Bettelheim), et la recherche folklorique.
  • Aujourd’hui, ils sont régulièrement revisités et détournés pour lutter contre les stéréotypes ou réintroduire leur puissance symbolique originelle.

 

 Voir aussi : les contes dévoyés 

 

À télécharger :

pdfComparatif des versions de contes : Grimm / Perrault / Disney

 

 

© Archives départementales de la Lozère 96 Fi 459 / Carte postale N/B 9x14 cm

 

Les contes traditionnels regorgent de peurs symboliques destinées à alerter, prévenir, éduquer ou exorciser des angoisses profondes — en particulier chez les enfants. Ces peurs sont souvent déguisées sous forme de métaphores puissantes, animales ou surnaturelles.

 

En voici les grandes familles :

1. La peur de la dévoration

Exemples : Le Petit Chaperon Rouge, Hansel et Gretel

  • Signification : Crainte archaïque d’être avalé ou absorbé, qui symbolise :
    • l’angoisse de séparation d’avec les parents,
    • la peur d’être englouti par un monde trop vaste ou trop adulte,
    • les dangers des étrangers (le loup, la sorcière).
  • Conseil transmis : « Ne t’éloigne pas du chemin », « Ne fais pas confiance aux inconnus ».

2. La peur de l’abandon ou de l’orphelinat

Exemples : Hansel et Gretel, Peau d’Âne, Blanche-Neige

  • Signification : Crainte de perdre ses repères affectifs et familiaux.
  • Symbolique : Perte de la sécurité, entrée dans le monde sans protection.
  • Fonction : Préparer les enfants à l'autonomie, à la séparation, au deuil.

3. La peur de transgresser / de la curiosité punie

Exemples : La Barbe Bleue, Pandore (mythe), La Belle et la Bête

  • Signification : Apprentissage des limites (morales, sociales, sexuelles).
  • Punition symbolique : Curiosité = danger = sanction.
  • Double enjeu : À la fois prévenir, mais aussi légitimer le désir de savoir.

4. La peur du noir, du silence, de l’inconnu

Exemples : Contes où l’enfant est seul dans la forêt, les caves interdites

  • Signification : L’obscurité est souvent un lieu de transformation ou d’épreuve.
  • Utilité narrative : Transition vers l’âge adulte, passage obligé pour grandir.

5. La peur du double / de l’altérité

Exemples : La Reine de Blanche-Neige, les sœurs jalouses, les métamorphoses

  • Signification : Peur de ce que l’on pourrait devenir (mauvais reflet), ou de ceux qui nous ressemblent trop.
  • Symbolique : Construction de l’identité, lutte contre ses pulsions.

6. La peur des figures d’autorité abusives

Exemples : Reines cruelles, rois incestueux, pères violents

  • Signification : Dénonciation déguisée de maltraitances réelles (souvent intrafamiliales).
  • Rôle protecteur du conte : Dire l’indicible, en parler à travers la métaphore.

7. La peur du corps / de la sexualité

Exemples : Le loup qui veut "manger" le Petit Chaperon, Peau d’Âne

  • Sous-texte : Désir, pulsions, puberté, inceste.
  • Forme de censure ou d’alerte : Souvent transmise de manière symbolique (robe couleur de lune, interdits, transformation animale).

 

 Pourquoi ces peurs dans les contes ?

  •  Pour apprivoiser l’inconnu,
  • Pour dire ce qu’on ne peut pas dire autrement,
  •  Pour prévenir des dangers réels (abus, manipulation, exclusion),
  •  Et surtout : pour permettre à l’enfant de grandir en se construisant un imaginaire sécurisant.